Accéder au contenu principal

Seul le silence, de R.J. Ellory

The sound of silence

Quel bien long silence que voilà. Il est vrai qu’il se passe tellement de choses nouvelles récemment que j’ai un peu laissé la régularité de tenir ce blog de côté. Néanmoins, je pense à vous souvent, chers petits lecteurs assoiffés de savoir (au moins !).

Je pense à vous depuis que j’ai repris le boulot, et depuis que je sens comme une pression sur mes épaules qui me dit « dis-donc là, t’as vu toutes les nouveautés qui sortent à mettre sur table, à lire et à conseiller ? Tiens celui-là par exemple, Charleston Sud, hein, ou bien Les enfants de Las Vegas, ou bien L.A Story, ils n’attendent que toi, alors bouge toi les nerfs optique ! », pression à laquelle je n’arrive pas à répondre, car ma faculté de lecture s’est soudainement endormie il y a deux mois, et je me fais violence pour la retrouver. Si si, je gesticule intérieurement, me sermonne, me secoue les épaules (quand ce n’est pas un Bruno bourré qui le fait), me donne un coup de pied au cul, mais une petite voix dans une partie inconnue de mon lobe frontal m’aiguille toujours vers plein d’autres trucs à faire.

Bon, mine de rien (mine de crayon !*), ces deux dernières semaines, j’ai lu un peu, j’ai lu trois livres. L’un dont je vous ai parlé récemment, Les Visages, un autre que je viens de finir – Les hommes-couleurs- et entre les deux celui dont je vais vous parler. Il s’agit encore d’un polar, édité par la même maison d’édition que le Kellerman – Sonatine - et qui s’intitule Seul le silence. Un titre approprié pour mon hibernation récente… Bien, donc non je ne vais pas transformer ce blog FANTASTIQUE en blog sur le polar, mais ce roman de R.J Ellory (et non point ELLROY, bande de moules, arrêtons de les confondre, cela n’a rien à voir) faisait partie d’une longue liste de livres qui m’ont été moult fois conseillés, et je me devais de le lire. Quand on n’arrête pas de vous dire « j’ai lu Seul le silence, c’est gééééééééééééénial » ou bien « t’as lu le dernier Ellory ? Excellent, comme toujours ! » vous finissez par vous dire que d’une part Ellory est définitivement un auteur à lire, et d’autre part que Seul le silence ne doit pas vous filer entre les doigts.



Donc, il a fait partie des quinze livres de tous genres confondus que j’avais acheté chez notre ami G*****, et j’ai pris un véritable plaisir à sa lecture. Je ferais une comparaison douteuse en vous disant que, à l’instar du Seigneur des Anneaux, j’ai mis une petite quarantaine de pages à me faire au style et à m’intéresser à l’histoire. Mais nombre de grands et bons romans fonctionnent ainsi (autre comparaison douteuse, on dit toujours qu’il faut dépasser la 24ème page de Harry Potter pour vraiment devenir accro).

« Bien, bon, d’accord, me dites-vous, mais c’est quoi ce livre ? Hein ? Comment-quoi-qu’est-ce nom d’un petit bonhomme en bois, c’est qu’elle va arrêter de nous faire languir celle-là ?! »

L’histoire débute en 1942 à Augusta Falls, petite ville de Géorgie aux Etats-unis, lieu de naissance de notre narrateur, Joseph Vaughan. Celui-ci nous raconte son histoire, depuis la mort de son père alors qu’il n’avait que douze ans, jusqu’aux derniers instants de sa vie, où il fait enfin face au démon qui l’a hanté toute son existence. Ce démon, c’est celui qui assassine les petites filles d’Augusta Falls durant son enfance, des petites filles à côté de qui il s’asseyait en classe, des voisines, des sœurs, qui sont retrouvées mortes et mutilées près de chez lui. Sa vie bascule lorsque lui-même, âgé de quatorze ans, découvre l’une de ces petites filles sur son terrain. Dès lors, il restera obsédé par ces meurtres qui semblent ne jamais s’arrêter, et par ce tueur insaisissable qui déroute la police de tous les comtés avoisinants et toute la communauté.

Pour le coup, R.J. Ellory est un véritable maître dans l’art du suspense. On sait dès la première page que Joseph a retrouvé l’auteur de ces crimes, puisque le récit de sa vie est essaimé de courts chapitres en italique dans lesquels il s’adresse directement à lui, mais le mystère reste entier jusqu’à la fin. (bien que pour ne pas me venter, mon suspect principal s’est trouvé être le tueur, gnéhéhéhé, mais ça c’est mon double sens Miss Marple, pas tout le monde ne l’a !)

Mais plus qu’un thriller, plus qu’un roman à suspense dont on tourne frénétiquement les pages pour savoir le fin de mot de l’histoire, Seul le silence fait partie de ces grands romans américains parfaitement inoubliables. Si l’enquête sur ces meurtres est un élément omniprésent du récit, celui-ci est surtout porté par la chronique sociale et le paysage historique qu’Ellory dépeint. Il nous parle d’une Amérique qui rentre tout juste en guerre dans les années quarante, de ses conséquences sur la vie des gens qui la subissent, de l’empreinte sanglante et honteuse qu’elle a laissé sur toute une population. Il décrit le Brooklyn intellectuel des années 50, les campagnes changeantes des années 60, la mutation des Etats-Unis durant ces trois décennies avec une justesse et un réalisme saisissant. Plus qu’un polar, donc, d’autant plus que l’écriture d’Ellory, qu’il attribue à Joseph Vaughan, est d’une finesse et d’une poésie qui contraste atrocement avec les événements terribles qui constituent le livre. Il faut savoir que Joseph Vaughan est dans le livre lui aussi écrivain, soutenu dans son enfance par l’institutrice de la ville qui voit en lui ses talents littéraires et le pousse à écrire et à exploiter ses capacités. Et oui, Joseph Vaughan/R. J. Ellory écrit divinement bien. J’ai adoré cette prose, légère comme une plume (un personnage récurrent dans le bouquin d’ailleurs), fine, qui vous emporte corps et âme dans le récit.
Voilà, encore un livre que j’ai été triste de finir, qui a maintenue mes sens en éveil le soir avant de me coucher, la journée au boulot, où je n’avais qu’une seule envie : savoir la suite!

Je n’ai pas besoin de vous dire que je le conseille, donc. Vous tirerez seuls les conclusions de ce billet élogieux sur Ellory, et vous en ferez ce que vous voudrez !

Au fait, vous avez lu le dernier Ellory ?

Envie d'en savoir plus sur l'auteur ? : Une interview de l'Express

* Ce jeu de mot encore plus que douteux était destiné à ma soeur Goule !

Ah ah, chose drôle, maintenant les bandes-annonces pour les livres se multiplient, donc pour vous, qui avez la flemme de lire ce billet en entier, un p’tit trailer pour vous donner envie de le lire (vous allez voir les effets spéciaux sont insoutenables, c'est d'la qualité !):



Seul le silence de R.J. Ellory - Bande-annonce par livre-de-poche

Commentaires

  1. Encore une adepte, veinarde que tu es, il t'en reste deux à dévorer :)moi je n'en peux plus d'attendre le prochain...

    RépondreSupprimer
  2. Charleston Sud est dans ma pile à lire, à moi aussi =)

    RépondreSupprimer
  3. Putain!
    Et voilà, j'avais loupé 4 articles, alors je viens de tous les lire... c'est long didiou! Bon et j'ai un commentaire officiel à faire sur ton blog:
    "Tu dois arrêter d'écrire" Non parce que à force de me donner envie de lire des bouquins, et d'un ma feuille de livre va être remplie, mais aussi parce que j'ai pas les sous bordel.
    Voilà c'était quelques phrases histoire de gueuler un peu, et pour une fois je n'ai pas de livres pour faire écho à ce billet alors je jetterais des noms en passant:
    Tout d'abord un livre de mon Top 5 des livre que j'emmènerais sur une ile:
    L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón, qui est tout simplement un bijou d'écriture et de scénario... qui nous emmène sur les traces d'un personnage bien mistérieux, bref ça ne se raconte pas ça se lit.
    Et ensuite (j'en ai peut être déjà parlé), une saga: Les aventure de Vlad Taltos. Série de livre dont Vlad est le personnage principal, entre heroic fantasy, espionnage et enquête policière, ils se lisent tout seul...
    Voilà, à la revoyure.
    XeroX

    RépondreSupprimer
  4. Au passage désolé, je n'ai pas relu et y'a plein de fautes...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Édification d'un rêve, ou la librairie fantastique.

Dessin de Tom Gauld Combien de fois dans mon entourage (le peu qui lisent mes chroniques en diagonale) m’a demandé quels étaient ces plans « top secrets » dont j'ai fait état dans plusieurs de mes billets. Ceux qui m'ont posé la question sans détour ont obtenu l'information claire et définitive que je partage avec vous ici : je veux créer ma boîte. Je vous ai déjà parlé avec nostalgie et envie de mes rêves. Depuis mon adolescence je fantasme sur cette possibilité. J’ai vécu dans le rêve brumeux et cotonneux de posséder ma propre librairie. Je l’ai imaginée, décorée, rempli et re-imaginée des centaines de fois. Parfois elle ressemblait à l’ancien local de la librairie Imagin’ères à Toulouse, une toute petite pièce au plancher craquant et aux étagères ployant sous des rayonnages de livres de SF, la musique de Loreena McKennit se mêlant aux effluves de patchouli. Parfois elle ressemblait au Forbidden Planet de Londres, gigantesque, fournissant profusion de Bds

La singulière tristesse du gâteau au citron - Aimee Bender

Ça fait un bout de temps que mes doigts n’ont pas effleuré le clavier. Je me laisse aller les amis. Pourtant j‘en ai des choses à raconter, mais bon, que voulez-vous, je passe trop de temps dans mes pensées et dans mes livres, ou bien à gratter le bedon du félidé. Tenez récemment j’ai lu un livre au titre plus qu’improbable, La singulière tristesse du gâteau au citron aux éditions de l'Olivier. Non, ce n’est pas Katherine Pancol, mais je vous accorde qu’elle aurait pu être l’auteur de ce titre fantaisiste. Nous n’oublierons jamais Les yeux jaunes des crocodiles , La valse lente des tortues , mais surtout le fameux Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (et seulement le lundi, car Katherine Pancol détient une vérité ultime et dérangeante de la vie des écureuils New-yorkais). L'auteur se nomme Aimee Bender, et ce quatrième roman génialissime est celui qui l'a fait connaître outre-Atlantique. Mais allez plus loin que le titre, et plus loin que ce

Lockwood and Co., de Jonathan Stroud

Certaines œuvres vous font du bien. Il m'arrive parfois de penser que ma vie est un peu morne et répétitive ; malgré mon rôle de chef d'entreprise qui n'est pas de tout repos et tous les rebondissements que cela entraîne (les nouvelles rencontres, les challenges, les imprévus qui vous tombent dessus à tout bout de champ), c'est quand même souvent "métro, boulot, dodo". Et ce qui me fait tenir quand cet état d'esprit me submerge (bon c'est en grande partie ma moitié, le félidé et le canidé, mon petit bout de famille !) c'est la lecture. Grand bien m'en fasse : je suis libraire. Car j'ai beau me laisser aller à regarder pendant des heures des séries télé - certaines débiles, certaines complexes, certaines géniales, certaines tout juste distrayantes - ce sont les romans qui me font le plus de bien quand j'ai besoin d'évasion. Le mieux, c'est quand vous entrez dans un livre comme dans lit douillet, et qu'il e