Accéder au contenu principal

Nous allons tous très bien, merci - de Daryl Gregory


Oui, le blog prend la poussière. J'ai tendance à me laisser aller, mon esprit est sans cesse occupé par le travail autour de la librairie : administration, manutention, communication, et j'en passe. La lecture est malheureusement redevenue une obligation due à mon métier, et j'avoue que lors de mon réel temps libre (et il y en a peu), je décroche complètement du monde du livre.
Mais écrire me manque, et raconter mes lectures aussi, alors je me secoue un peu et reprends du service.

Et pour ça je vais vous parler de ma lecture du nouveau Daryl Gregory, paru aux éditions du Belial' : Nous allons tous très bien merci.
Je lorgnais déjà sur son précédent titre, L'éducation de Stony Mayhall, un roman de zombies peu ordinaire, mais n'avais pas eu l'opportunité de le lire. Alors lorsque ce court texte, Nous allons tous très bien, merci, avec ce titre intriguant et cette quatrième de couv' aguicheuse est arrivé en boutique, je l'ai automatiquement ajouté à ma pile de lectures. Et je ne regrette pas, c'est l'un de mes plus gros coups de coeur de cette année, avec les fabuleux La voie des rois, Blood song et Dark Eden qui ont illuminé mes lectures de 2015 (je ne compte pas les nouveaux ouvrages de Jaworski, cela va de soit.).




Le pitch aguicheur dont je vous parle, le voici :

Il y a d'abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu'on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d'une abomination familiale l'ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d'un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d'une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n'enlève ses énormes lunettes noires. Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l'abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux et découvriront que le monstre en question n'est pas toujours celui qu'on croit.

Dayl Gregory se spécialise dans la monstruosité ! Après les zombies, voici le paranormal horrifique : cultes sataniques, chasseurs de monstres, tueurs en séries démoniaques et tout un tas d'autres choses carrément terrifiantes viennent émailler l'ouvrage de l'auteur américain. Mais dans une courte interview qui suit le roman (d'ailleurs trèèès intéressante), Daryl Gregory utilise l'expression de "antihorreur" pour définir le genre de son roman, et c'est exactement ça : pour ceux qui n'aiment pas avoir la frousse, ne supportent pas les romans d'horreur, Nous allons tous très bien, merci est plutôt un roman qui rend hommage, tant par sa forme et que par son fond, aux différents romans, films ou téléfilms d'horreur de la culture populaire. Il ne fait pas réellement peur, c'est plutôt un mélange de livre d'épouvante, de roman fantastique et de thriller relevé avec un brin d'humour très apprécié !

La narration du roman est très singulière, elle alterne entre le point de vue d'un personnage, qui nous révèle en général l'histoire de celui-ci et son face à face avec le paranormal, et entre le point de vue général des personnages, le groupe (l'auteur utilise le pluriel et dit "nous"), qui est finalement le vrai héros de ce roman. Bien que légèrement perturbant au départ, j'ai aimé ce mode de narration original, le style et l'atmosphère que cela donnait au récit. Ce groupe de personnages qui se retrouvent propulsés dans cette thérapie hors norme est juste génial. Mes moments préférés sont justement les passages où les protagonistes se rejoignent pour raconter ou écouter les mésaventures des uns et des autres, ce qui donne lieu a des échanges très drôles, tantôt touchants, tantôt carrément angoissants. L'histoire du vieux Stan, certainement la plus gore de toutes, est justement dédramatisée par les bavardages et radotages incessants du personnage lors des rassemblements du groupe sur les événements horribles qui lui sont arrivés autrefois, ce qui créé une atmosphère comique décalée complètement jouissive !
Chaque personnage est attachant, chaque histoire est différente et plus perturbante ou horrible que la précédente, et chacune mériterait certainement d'être approfondie, pourquoi pas dans d'autres romans, des spin-off ? C'est apparemment le cas pour le personnage d'Harrison, Daryl Gregory raconte ses aventures dans le roman jeunesse Harrison Squared encore non traduit en France. 

La brièveté du roman m'a légèrement laissé sur ma faim, du coup j'adorerai pouvoir retrouver Harrison dans une édition française (Le Bélial', si tu m'entends).
Mais comme l'auteur le dit lui même, il a voulu retrouver ce qu'autrefois il trouvait dans les novella de science-fiction : ôter le décorum pour aller à l'essentiel, "show, don't tell", et ça fonctionne terriblement bien.
Maintenant j'espère pouvoir lire plus de Daryl Gregory, Nous allons tous très bien, merci à suffit pour me conquérir, et je suis persuadée qu'il continuera de me surprendre avec d'excellents romans.

Je dois bien avouer que j'ai plaidé avec insistance auprès de son éditeur français pour l'avoir en dédicace à la boutique lorsque j'ai vu qu'il venait aux festival des Utopiales de Nantes ! Et j'ai réussi à le faire venir à Paris. Il viendra donc nous faire un coucou, et accessoirement dédicacer ses ouvrages^^, le lundi suivant, c'est à dire le 2 novembre au soir.
Encore une fois, je suis joie - je suis bonheur ! Et vous seriez certainement dans le même état si vous aviez lu Nous allons tous très bien, merci, ou certainement L'éducation de Stony Mayhall.En plus, c'est bientôt Halloween, l'occasion pour vous de découvrir un roman qui colle parfaitement avec la saison, héhé.
Bref, mission accomplished, maintenant je n'ai plus qu'à lire ce qui a déjà été traduit *soupir de contentement*.


Ma prochaine lecture !


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La singulière tristesse du gâteau au citron - Aimee Bender

Ça fait un bout de temps que mes doigts n’ont pas effleuré le clavier. Je me laisse aller les amis. Pourtant j‘en ai des choses à raconter, mais bon, que voulez-vous, je passe trop de temps dans mes pensées et dans mes livres, ou bien à gratter le bedon du félidé. Tenez récemment j’ai lu un livre au titre plus qu’improbable, La singulière tristesse du gâteau au citron aux éditions de l'Olivier. Non, ce n’est pas Katherine Pancol, mais je vous accorde qu’elle aurait pu être l’auteur de ce titre fantaisiste. Nous n’oublierons jamais Les yeux jaunes des crocodiles , La valse lente des tortues , mais surtout le fameux Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (et seulement le lundi, car Katherine Pancol détient une vérité ultime et dérangeante de la vie des écureuils New-yorkais). L'auteur se nomme Aimee Bender, et ce quatrième roman génialissime est celui qui l'a fait connaître outre-Atlantique. Mais allez plus loin que le titre, et plus loin que ce...

Elrond Elrond petit patapon

Souvenez-vous c’était en 2001.  Non pas l’odyssée de l’espace, mais la sortie d’un film qui a bouleversé la vie de pas mal de monde en cette entrée dans le nouveau millénaire. Vous étiez jeune, au collège ou au lycée, les dents pleines de ferraille, le cheveu mal coiffé et la peau acnéique. Ou bien vous étiez plus âgé, et même pour vous, cette œuvre que vous aviez lu ado, dans une vieille édition Pocket des années 80, allait enfin être adapté au cinéma.  Un film de fantasy , dans les années 2000 ? Impensable. Les derniers en date étaient sortis en même temps que les premiers tubes de Madonna. Le seul nain du cinéma était pour tout le monde le petit Willow et son brave Val Kilmer à la farouche chevelure au ras des fesses, et personne n’avait oublié la chevauchée mémorable d’ Atreju dans l’Histoire sans fin . La fantasy au cinéma se résumait à quelques autres films aux effets spéciaux aujourd’hui mal vieillis et qui n’excédaient pas les 1h45 de film.  ...

Dark Eden, de Chris Beckett

Parfois il faut mettre ses à priori de côté.  Pour moi, les éditions Presses de la cité, c'était surtout du roman de terroir pour petites vieilles de province (bouuuuh, la sale parisienne !). Je voyais arriver du Signol, du Bourdin, Anglade ou Annie Degroote dans ma librairie, et je voyais toujours les mêmes clients, très sympathiques au demeurant, mais ayant la particularité de faire partie du "troisième âge" venir les chercher. Peut-être devrais-je me mettre au Terroir, me direz-vous, mais là n'est pas la question. J'étais persuadé que les éditions Presses de la cité ne sortaient que cette collection, Terres de France . Or, il s'avère que Presses de la cité publie de temps à autre d'excellents romans de science-fiction. Si si, c'est bien vrai ! Et Dark Eden est là pour le prouver. Alors certes, la mention "Prix Arthur C. Clarke" sur sous le titre a attiré mon attention. La couverture hypnotique s'est chargée du reste. Mais c...