Accéder au contenu principal

Transmetropolitan, de Warren Ellis

Des lézards géants et des hommes


La campagne continue !
Même à deux têtes, les chats sont nos amis.

Ouais je sais. Une semaine est passée depuis le dernier article, je me suis laissé aller. je tiens à dire une chose avant de continuer plus loin sur un nouvel article : ce blog est une envie de ma part de vous faire partager ce que j’aime, et de vous faire découvrir de nouveaux livres, films ou autre, en espérant que vous y trouviez votre compte. Je ne suis pas journaliste, je ne suis pas écrivain, je ne suis pas une spécialiste de tous les genres que j’explore, et parfois je me trompe et je dis des conneries. C’est là que vous intervenez, postez des commentaires pour échanger avec moi, et que nous sommes tous heureux, moi y compris, de nous coucher moins bêtes ce soir. Voilà, alors je compte sur vous hein, jouez le jeu, ça me fera plaisir !

Je tiens premièrement aussi à m’excuser pour celui de dimanche dernier, qui comparé à mes autres articles précédents à été écrit un peu par-dessus la jambe. J’avais prévu de le faire plus long, plus complet, plus critique, plus mieux quoi, mais les circonstances de ce Bloody Sunday personnel ont fait que je n’ai pas atteint mes objectifs. Il n’empêche que je vous conseille toujours très fortement de lire ces BD, en fait je vous ordonne même de le faire car toute dérogation à cet ordre serait intolérable et contre le bon sens commun ! (et ne me chantez pas le refrain de « j’ai pas d’argent, je suis pauvre » : de un, moi aussi ! et de deux, les bibliothèques sont faites pour ça !)

Bon je sais, si on m’écoute, tout ce dont je vous parle devrait impérativement intégrer votre bibliothèque personnelle, et ça commence à faire beaucoup. Je sais ce que c’est, on achète des livres, puis on achète une bibliothèque pour mettre ses livres, puis on achète encore plus de livres, puis on achète encore plus de bibliothèques, puis on a plus de place, puis le plancher sert de bibliothèque… eh oui, c’est la dure loi des amateurs (fétichistes !) de livres. C’est ce qu’il se passe chez moi aussi… et entre avoir de la place pour vivre et lire il faut choisir (j’ai choisi les livres).

Bref, étant en plein déménagement mes livres sont à présent dans de jolis cartons, attendant d’être sagement déballés dans leur nouvel habitat (c’est toujours Noël à ce moment là, où l’on repose avec délectation un ouvrage sur l’étagère de sa bibliothèque). Du coup j’ai pu passer en revue tout ce que j’avais accumulé depuis plusieurs années. Il y a des tas de livres différents qui hantent ma bibliothèque. Certains sont petits et déformés tellement ils ont été lus, prêtés, trimbalés dans des sacs et écartelés entre des doigts (parfois un reste de moustique incruste les pages cornées). D’autres sont propres et bien fermés, ceux que l’on vous a offert et que vous n’avez jamais lu (et que vous ne lirez jamais, mais bon…  un cadeau est un cadeau !). D’autres encore ne sont pas à vous (« merde, ça fait trois ans qu’il ma l’a prêté, faudrait peut-être que je lui rendre… ou pas. »), d’autres ont encore un ticket de métro coincé entre deux pages, et vous vous dites que ça serait chouette de le finir un jour, tiens, après, ma prochaine lecture peut-être. Et certains sont chargés de souvenirs. Des souvenirs personnels, de lecture intense, de discussions animées, de recommandations appuyées. Certains sont comme ça, par exemple Transmetropolitan. Par exemple...



J’ai recommandé ce livre un nombre incalculable de fois, tellement sa découverte m’a fait de l’effet. J’étais à ce moment là toute jeune libraire, et je m’impliquais énormément dans mon petit rayon BD. Comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai jamais été une crack, mais je suis une passionnée, aussi je me hâtais de découvrir cet univers qui m’avait trop longtemps échappé. Le rayon Comics (BD amércaine) de ma librairie était en fait plus ou moins inexistant. La majeure partie du rayon BD était constitué de franco-belge (les classiques que tout petit français possède chez lui) et le reste consistait à une grande bibliothèque de mangas (BD japonaise, pour les non-initiés). 
Seul, par terre, traînait un petit présentoir remplis de BD au format non conventionnel. Il était souvent rempli de tomes éparpillés de comics, d’intégrales en petit format, ou de BD indépendante, et personne ne les voyait, donc personne ne les achetait. Lorsqu’un jour Panini, grand éditeur de comics, a ressorti les tomes de Transmetropolitan. J’ai ramené ça le soir chez moi, me suis plongée dedans dans le train, me suis plongée dedans sur mon canapé, me suis plongée dedans dans mon lit, jusqu’à le terminer. Et Transmetropolitan, c’est pas 45 pages de BD, c’est un bon gros tome que vous dévorez.

Bon de quoi s’agit-il ? Transmetropolitan est un comic book scénarisé par Warren Ellis (my hero) et illustré par Darick Robertson, paru aux USA entre 1997 et 2002. En France, nous avons eu droit au dernier tome (le découpage américain et français n’est pas le même, mais quand même) en 2010. La série en français est donc découpée en six tomes bien épais, qui sont un bonheur à lire !

Transmetropolitan se situe dans un futur plus ou moins lointain, dans lequel nous suivons Spider Jerusalem, journaliste d’investigation qui suite à un énorme succès éditorial s’est retranché loin du monde en vivant sur l’avance de ses deux prochains bouquins. Bien entendu, il n’a absolument aucune intention d’écrire ces bouquins, et vient le jour où son éditeur le menace et le force à abandonner sa vie d’exil pour reprendre ses fonctions et écrire ce qu’il lui doit. Spider Jerusalem est un personnage totalement halluciné, un fou à tendance psychopathe qui en effraierait plus d’un si le monde qu’il décrit dans ses articles n’était pas encore plus terrifiant que lui. Ellis dépeint un futur chaotique, où l’Amérique marche sur la tête, est complètement pourrie de l’intérieur, où les habitants sont dégénérés et conditionnés par la culture de masse et où presque plus personne excepté lui ne semble avoir d’opinion personnelle. Spider Jerusalem est un journaliste gonzo. Je m’explique, le journalisme gonzo est un journalisme d’investigation basé sur la subjectivité. Le journaliste s’investit pleinement dans son article et livre une critique qui s’inspire ce qu’il a observé, sa propre opinion. Cette méthode était particulièrement en vogue dans les années 60-70, et l’un des journalistes les plus connues de l’époque est Hunter S. Thompson, auteur de Las Vegas Parano, entre autre (celui-ci s’était intégré à un groupe de Hell’s Angel et avait vécu avec eux plusieurs mois avant de d’écrire sur le sujet). Je ne cite pas Thompson pour rien, étant donné que le personnage de Spider Jerusalem dans le comic est très fortement inspiré de Thompson, dans l’attitude mais surtout physiquement. Chauve et sec, une paire de lunettes de soleil devant les yeux et une clope au bec, Spider Jerusalem lui doit beaucoup de choses.


Spidey
Hunter !
J’aime d’ailleurs beaucoup le trait de Robertson, vif et réaliste, qui, associé aux dialogues tranchants et mouvementés de Ellis donne un comic tout à fait extraordinaire. Transmetropitan a donc été pour moi une série extrêmement importante, elle a marqué un tournant dans mon appréciation des comics, et c’est à partir de ce moment là que je me suis vraiment intéressée aux parutions américaines, ce qui m’a permit de découvrir de très nombreuses perles (Fables par exemple, dont je vous avais parlé dans un autre article : >ici<). J’ai bien-sûr écumé les classiques, les incontournables du genre, et particulièrement les œuvres de Alan Moore, roi incontesté de la BD américaine (Auteur entre autre de V pour VendettaFrom Hell ou la Ligue des Gentlman extraordinaires. Et à ce moment là, Watchmen, mon œuvre préférée de sa carrière, venait d’être adaptée au cinéma, et ressortait sous divers formats en librairie). Pour Ellis et Robertson, Alan Moore est un maître incontestable, ils lui ont d’ailleurs rendus hommage dans le premier tome de Transmetropolitan, en utilisant son physique reconnaissable entre tous pour illustrer un Spider Jerusalem exilé. Alors, bénis soient Spider Jerusalem, Alan Moore, Thompson, Robertson, et Ellis. 

Spidey avant de perdre ses cheveux et Master Moore

Aaaah… Ellis.

Comme j’étais heureuse de savoir que la maison d’édition Au Diable Vauvert allait publier pour la rentrée littéraire 2010 un Roman de Warren Ellis. Je l’attendais avec impatience, j’étais aux aguets, le poil hérissé à chaque arrivage de cartons Sodis. Car si Ellis est un très bon scénariste de BD, c’est aussi un romancier génial. Et le voilà donc arrivé, Artères souterraine, premier roman de Ellis publié en France, et attendu par plusieurs milliers de fans. Et personne n’a été déçu ! Aussi puissant, décalé, original que ses œuvre précédentes, Artères souterraine était jouissif à la lecture ! Travaillant à ce moment là dans une librairie indépendante assez proprette, je pensais ne jamais réussir à en vendre un seul exemplaire. Il est dur de conseiller un roman aussi décalé à une clientèle comme celle-là. Il faut dire qu’Artères souterraines a pour héros un détective paumé et sans le sou sans cesse poursuivi par la guigne dans toutes ses affaires. Et voilà qu’un beau jour un vieil homme en costume cravate héroïnomane se présentant comme le chef du cabinet du président des Etats-Unis lui propose d’être grassement payé pour retrouver la Constitution secrète écrite par les Pères fondateurs du pays. Il va bien-sûr accepter, et se retrouver dans un merdier sans nom, où l’on croise des amateurs de pratiques sexuelles liées aux reptiles et particulièrement à Godzilla ou des sadomasochistes fans d’injections salines dans les parties intimes (je sens frémir l’audience masculine). 
Vous l’aurez compris, les âmes sensibles et prudes ne seront pas ravies par le côté trash et underground du roman. Pourtant je l’ai vendu, à ces gens bien proprets, et je n’ai jamais eu de retour défavorable ! Eh ouais, c’est ça la classe. 


Donc je vous conseille de tester Warren Ellis, approuvé par Guixxx, un auteur fantastique, pour des œuvres génialissime. Moi je reste alerte, focalisée sur les prochaines parutions du master. Allez, plus vite Warren, plus vite !


Eh hop, le blog de Warren Ellis : http://www.warrenellis.com/


Eh hop, un peu de musique dans ce monde de brute (une chose que je ne savais pas, Warren Ellis compose aussi...).


Commentaires

  1. Je ne me permettrais pas de critiquer ta propre critique, comme tu le demandes (j'ai toujours été une bille en comics)

    Par contre, je voudrais te demander d'arrêter de conseiller des bouquins, j'en ai marre d'avoir à chaque fois envie de les lire et d'être obligé de les inscrire sur des listes et de me dire "je lirais jamais tout ce que je voudrais avant de mourir ..."
    Tu vas finir par me faire déprimer, monstre !

    Signé : Super Pingouin

    RépondreSupprimer
  2. Moi je les achèterais bien, ces BD et roman US, mais je suis conscient qu'il faudra que je les ramène en france à un moment ou un autre, et je sais que je ne pourrais déjà pas ramener tout ce que j'ai en ce moment... Et tu me connais, je préfèrerais vendre ton âme qu'abandonner mes livres.

    Donc je note, mais j'achèterais plus tard :)

    En attendant, continue tes excellentes critiques, et continue de me faire découvrir des auteurs qui déchirent leur races!

    RépondreSupprimer
  3. Hey!

    Je crois que comme mes deux prédécesseurs, il va encore y avoir des livres que je vais rajouter à la liste des: "Putain de merde, faut que j'achète!".
    Bref, j'ai plus de sous pour la bibliothèque alors plus de place pour mettre mes livres (On cherche les excuses qu'on peut...)
    Sinon en BD, il me semble que tu en as déjà parlé, mais je conseil vivement les Blacksad, inspecteur chat, rentrant dans les polars un peu noir... Très bon.
    Sinon je conseil aussi Xoco, dessins très particulier, ambiance noire, intrigue bien menée... Enfin à lire quoi.

    La Bizouille...

    RépondreSupprimer
  4. Bon j'aime pas commenter pour ne rien dire mais je vais jouer le jeu !

    Tu vas faire encore plus de mal a tes lecteurs quand ils vont se retrouver à attendre une réédition de Transmet" :D (en attendant ils iront lire la rééd' de Fables.

    Mais ça reste un must read !

    RépondreSupprimer
  5. Tout à fait, et puis il y a quinze tomes dans Fables (sans compter les Jack !) ça devrait les faire patienter un peu ;)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Édification d'un rêve, ou la librairie fantastique.

Dessin de Tom Gauld Combien de fois dans mon entourage (le peu qui lisent mes chroniques en diagonale) m’a demandé quels étaient ces plans « top secrets » dont j'ai fait état dans plusieurs de mes billets. Ceux qui m'ont posé la question sans détour ont obtenu l'information claire et définitive que je partage avec vous ici : je veux créer ma boîte. Je vous ai déjà parlé avec nostalgie et envie de mes rêves. Depuis mon adolescence je fantasme sur cette possibilité. J’ai vécu dans le rêve brumeux et cotonneux de posséder ma propre librairie. Je l’ai imaginée, décorée, rempli et re-imaginée des centaines de fois. Parfois elle ressemblait à l’ancien local de la librairie Imagin’ères à Toulouse, une toute petite pièce au plancher craquant et aux étagères ployant sous des rayonnages de livres de SF, la musique de Loreena McKennit se mêlant aux effluves de patchouli. Parfois elle ressemblait au Forbidden Planet de Londres, gigantesque, fournissant profusion de Bds

La singulière tristesse du gâteau au citron - Aimee Bender

Ça fait un bout de temps que mes doigts n’ont pas effleuré le clavier. Je me laisse aller les amis. Pourtant j‘en ai des choses à raconter, mais bon, que voulez-vous, je passe trop de temps dans mes pensées et dans mes livres, ou bien à gratter le bedon du félidé. Tenez récemment j’ai lu un livre au titre plus qu’improbable, La singulière tristesse du gâteau au citron aux éditions de l'Olivier. Non, ce n’est pas Katherine Pancol, mais je vous accorde qu’elle aurait pu être l’auteur de ce titre fantaisiste. Nous n’oublierons jamais Les yeux jaunes des crocodiles , La valse lente des tortues , mais surtout le fameux Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (et seulement le lundi, car Katherine Pancol détient une vérité ultime et dérangeante de la vie des écureuils New-yorkais). L'auteur se nomme Aimee Bender, et ce quatrième roman génialissime est celui qui l'a fait connaître outre-Atlantique. Mais allez plus loin que le titre, et plus loin que ce

Lockwood and Co., de Jonathan Stroud

Certaines œuvres vous font du bien. Il m'arrive parfois de penser que ma vie est un peu morne et répétitive ; malgré mon rôle de chef d'entreprise qui n'est pas de tout repos et tous les rebondissements que cela entraîne (les nouvelles rencontres, les challenges, les imprévus qui vous tombent dessus à tout bout de champ), c'est quand même souvent "métro, boulot, dodo". Et ce qui me fait tenir quand cet état d'esprit me submerge (bon c'est en grande partie ma moitié, le félidé et le canidé, mon petit bout de famille !) c'est la lecture. Grand bien m'en fasse : je suis libraire. Car j'ai beau me laisser aller à regarder pendant des heures des séries télé - certaines débiles, certaines complexes, certaines géniales, certaines tout juste distrayantes - ce sont les romans qui me font le plus de bien quand j'ai besoin d'évasion. Le mieux, c'est quand vous entrez dans un livre comme dans lit douillet, et qu'il e