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Les Lames du Roi, de Dave Duncan

Un roman avec des capes, et puis des épées


Lettre à un Kake.

« Mon cher Kake,

J’écris ce billet en pensant à toi, qui m’a offert il y a déjà… cinq… six…hmmm peut-être même sept ans ? – fichtre, que le temps passe vite ! – cette trilogie que je n’oublierai jamais.
Avec ton portefeuille vide de lycéen désargenté, tu as quand même trouvé le moyen de m’offrir ces livres qui coûtaient tout de même un petit pécule et qui paraissent fabuleusement bien dans ma bibliothèque Ikéa (Expedit noire, s’il te plait).

Je me souviens encore de notre folle jeunesse, quand je pensais que bosser comme stagiaire non-rémunérée pendant une semaine sur un salon du livre pour le compte de Bragelonne était la plus belle chose au monde (j’ai été raisonnée par un autre stand qui me proposait 700€ pour 7 jours… faut pas déconner non plus.), et que le responsable de la communication m’avait demandé « dites-moi, quelle est votre top 5 des romans Bragelonne ? » J’avais alors cité Dave Duncan et Les lames du Roi, ce qui m’avait valu un sourire appréciateur, accompagné d’un « pour moi aussi il s’agit de l’une de nos meilleures sagas, très bon choix ». Bon, après ça rien n’a abouti, mais sur le coup je me suis dit « petit chocolate Kake, ça, c’est grâce à toi ! »

Mon Kake texan, comme tu sembles tout attristé que je ne parle plus de fantasy, et en attendant que je puisse lire La Religion de Tim Willocks qui a l’air de déchirer du tire-bouche-schtroumpf, ou encore le dernier Laurent Genefort, et même le Robert Charles Wilson tout juste sorti en poche, eh bien je vais parler de mon amour de jeunesse pour Dave Duncan.

J’attends de toi que tu apportes à ce billet le petit plus qui lui manque, donc ne me déçois pas Cheese-Kake.

Sur ce, retirons-nous à pas feutré, laissons la place aux Lames du Roi.

Ton amie, GuiXXX. »

S’il est une série qui m’a profondément marqué dans mes lectures d’adolescence - exceptée ma passion pour les sœurs Brontë que seul le coeur sensible et passionné d’une femme peut comprendre (haem…) - c’est certainement cette trilogie de Dave Duncan intitulée Les lames du Roi, qui selon moi n’a pas eu le succès qui lui est dû en France.




Le premier tome des Lames du Roi, l’Insigne du chancelier, nous conte l’histoire de Durendal. Adolescent rebelle et sans avenir, il est envoyé au Hall de fer, un fort perdu sur la lande qui s’emploie à former la jeune vermine pour en faire les meilleurs combattants du pays. A la fin de leur apprentissage, un rituel occulte lie leur vie à celle de leur futur employeur, qu’ils serviront fidèlement jusqu’à leur mort. C’est ainsi qu’il devient une lame du Roi, un guerrier aguerri au service des plus grands hommes du pays. C'est ce dont rêve Durendal, se voyant déjà protéger quelques nobles gentilshommes en fendant l'air de sa lame aiguisée, risquant sa vie chaque jour au nom de la gloire... mais les choses se compliquent lorsque le rituel le lie à un jeune noble pleutre et apathique, premier pas vers un destin que son imagination n'avait même pas effleurée.

Je n’en dévoilerai pas plus, bien-sûr la vie de Durendal sera mêlée aux intrigues et complots de la cour du Roi, et c’est ce côté Trois mousquetaires teinté de magie et de fantastique qui fait principalement le charme de ce roman. 
Le premier tome de la saga est déjà un délicieux objet de lecture, mais combiné à la lecture des deux autres volumes, il en devient un petit chef-d’œuvre ! Ne vous fiez pas à la lecture des trois quatrième de couverture de la trilogie, qui laissent penser que chacun peut se lire indépendamment... non, c'est la réunion des trois qui donne tout son sens à la saga.

Avant de lire cette trilogie, je n'avais pas imaginé ce genre de concept pour un roman. J'avais en tête des comparaisons foireuses avec des films comme Usual Suspect où vous suivez avec plaisir le déroulement du film mais où l'oeuvre prend tout son sens durant les trois dernières minutes du film. Il en est de même pour les Lames du Roi, où la lecture de chaque tome est très agréable, et devient réellement géniale aux cinq dernières pages du troisième tome. C'est la touche finale qui fait le chef-d'oeuvre, qui vous laisse sur le cul, ahuri, ébaubi, et surtout admirateur.
Tout ça après avoir dégusté trois tomes écrits avec la très bonne plume de Sir Duncan, pleins de combats de capes et d’épées dignes des grands maîtres du genre, piqués de saga nordiques où s’envolent des dragons et voguent des galères, imbibés d’une puissante sorcellerie, et certainement-absolument-définitivement passionnants.

Conseil de Guixxx : étoffez donc votre bibliothèque avec de bons livres, lisez Dave Duncan.

Sur ce, je vais reprendre au lit mes lectures un peu moins passionnantes du moment, bien que distrayantes, mais un jour, je prendrais le temps de les relire ; rien que d’en parler, ça m’a rendu nostalgique.



Commentaires

  1. Ma chère Guilou,

    Merci pour ton si touchant billet.

    Pour être tout a fait honnête j’ai passé les 10 minutes ayant suivi cette première phrase à la regarder, indécis, ne sachant pas par où commencer. D’abord j’ai été super surpris et touché d’être le sujet de ton introduction, et ensuite la découverte du livre conseillé m’a rendu tout nostalgique, moi aussi. La trilogie des Lames du Roi fait parti des meilleurs bouquins qu’il m’ait été donné de lire. Et de relire.

    Je me souviens aussi du jour où ce livre entra en ma possession. Moi aussi, c’était un cadeau. Je venais sur Paris en train lorsqu’un barbare dissident a eu la bonne idée de me mettre Excalibur sous la gorge pour « voir » mon téléphone portable. Mais point mon téléphone il ne vi, et c’est un Vincent a moitié terrorisé qui arriva en gare de St Lazare, où l’attendait sa copine avec un cadeau emballé dans les mains. Sauf que je n’avais pas du tout la tête à recevoir un cadeau, juste à me cacher. Du coup nous nous refugiâmes dans le gros magasin de livre du quartier, entourés par une foule rassurante, et c’est là qu’elle m’offrit le premier tome de la trilogie de Dave Duncan.

    J’avais repéré ce livre depuis un moment, sa couverture (celle de Bragelonne) ayant joué son rôle, tout comme le quatrième de couverture. Le cadeau était donc une excellente surprise.

    Le soir même, barricadé dans ma chambre (il m’aura fallu un bon mois pour retrouver confiance en moi après mon incident avec le roi Arthur et son Opinelle géante) j’ai commencé ma lecture, et je me souviens avoir tout de suite accroché au style de Duncan. Amusant, prenant, bourré d’action avec un héros bad boy et badass, et des capes et des épées. Car oui, j’étais le genre de gars qui adorait (et adore toujours) les capes et les épées. Un jour on vous parlera de Légende Académie. Peut-être.

    Bref, Dave Duncan a soudainement fait parti de mon top 3 littéraire. Et cela ne concernait que le premier bouquin. Car peu de temps après je me suis procuré le tome 2, qui suivait les aventure d’un autre personnage, avec une histoire se déroulant en même temps que celle du premier tome. Et même si ladite histoire était tout aussi prenante, la fin était plutôt surprenante, laissant place à une interrogation inhabituelle. Car au premier abord, ces livres pouvaient en effet se lire indépendamment l’un de l’autre, mais quand de trop nombreux mois plus tard le tome 3 sortait enfin dans les librairies, c’est un énorme respect pour l’auteur qui m’envahi à la lecture des 5 dernières pages. Elles expliquaient bien sur tout. Et c’était bien sur génial.

    Oui, le tome 1 reste à mes yeux le meilleur de la trilogie, mais quelle erreur il serait de s’arrêter là. Dave Duncan joue avec les lois de l’écriture, de l’édition et du suspense. Et il le fait superbement bien, d’une manière qu’une fois la trilogie finie, je n’avais d’autre choix que de l’offrir à ma chère mentor pour avoir quelqu’un avec qui en parler. Heureux de voir que je ne fus pas le seul à l’apprécier autant. Mais en même temps, quel autre choix y avait-il, franchement ?

    Et maintenant je me retrouve coincé au Texas, loin de ma bibliothèque Ikea, loin de Durendal et sa trilogie. Mais l’attente ne rendra sa relecture que meilleure, et le jour est proche où je revivrais ces aventures géniales, et avec un peu de chance cette fois j’aurais plus de monde avec qui en parler.

    Vincent – Kake -

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  2. Top 3 ? J'en déduis que le livre en bat au moins deux parmi Scott Lynch, David Gemmell, John Scalzi, Raymond Feist ?
    Enfin bref. Nos deux nostalgiques de leur adolescence ont quand même un peu forcé le trait. En plus d'être bourré de clichés (l'apprenti qui sauve le roi, l'âme damnée, l'orphelin/paria aux talents inouis), c'est très tiré par les cheveux à partir du deuxième tome.

    Je dis juste ça pour rétablir un peu la balance.

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  3. Oula!

    oui y'a des chance Kekos que t'ai plus de gens avec qui en parler... Je vais de ce pas à Imagin'ère... Mouhahaha!

    Verdict dans un peu de temps...

    XeroX

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  4. Merci Skerdi :p Mais les goûts et les couleurs... Surtout ceux de nos deux passionnés... Autan les lires et se faire sois-même son idée.

    XeroX

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  5. Je parlais de mon top 3 de l'époque. Les top 3 fluctuent au fil des ans, et forcément, en 7 ans j'ai eu le temps de lire d'autres bouquins géniaux.

    Mais je maintiens, Dave Duncan a écrit une superbe trilogie. Et si Guilou et moi laissons peut-etre notre nostalgie embellir notre souvenir (ce qui m'étonnerait, je n'aurais pas relu un bouquin qui ne déchire pas) il faut savoir que Skerdi se trouve légèrement à l'opposé, et qu'il n'hésite pas à démonter un livre qui n'entre pas dans sa bibliothèque personnelle.

    Je dis juste ça pour rétablir un peu l'intéret que Duncan devrait susciter. Il le mérite. Tout comme le méritent Scott Lynch, Gemmell, Scalzi et Feist, et d'autres encore, qui ont un jour fait parti de mon fluctuant top 3.

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  6. Skerdi is back ! Tu m'avais manqué.

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