ATTENTION COUP DE COEUR !
Hier soir à été une soirée particulièrement sympathique !
Tout d’abord j’étais de repos toute la journée, ce qui n’était pas pour me déplaire (imaginez de longs moments de flemmardise sur un canapé ensoleillé avec un chat ronronnant). Puis j’ai bougé sur la capitale pour aller boire un verre avec mon ami A. qui devait me raconter son séjour en Australie (mince je ne savais pas qu’on pouvait domestiquer des kangourous !). Nous sommes allés dans un petit bar qui s’appelle le Teddy’s bar où un gentil chat de comptoir nommé René a dormi pendant à peu près une heure et demi sur mes genoux (et sur mon bras gauche que je ne sentais plus sur la fin, hmmm…). Bref, je sais que vous vous fichez éperdument de mon quotidien super folichon, mais tout ça a contribué à de petits moments de bonheur, jusqu’au dernier, le plus intime puisqu’il vient de ma moitié, et qui s’est présenté sous la forme d’un emballage cadeau kraft aux emblèmes des Cahiers de Colette.
Il s’agissait d’un roman qui me tient particulièrement à cœur, les Monstres de Templeton. Ahhhh ! Je le possédais déjà en format poche et je le chérissais joyeusement, mais je voulais m'acheter le grand format, dont la couverture est superbement illustrée, juste en tant que fétichiste collectionneuse de livres (si vous pouviez voir ma bibliothèque !). Et à force de m'écouter dire que j'allais le faire, sans passer à l'acte bien entendu (ben quand on manque de sous sous y a des priorités) ma moitié a décidé de le faire pour moi (ah quelle émotion !).
C'est pourquoi j'en profite pour rattraper mon retard et livrer une petite critique (qui tire peut-être en longueur, haem...). Donc séance rattrapage : Les monstres de Templeton est sorti dans vos librairies en août 2008 aux éditions Plon.
Premier roman de Lauren Groff, jeune romancière talentueuse américaine, il est passé totalement inaperçu en France, excepté pour quelques libraires un peu curieux qui se sont laissés prendre par la magnifique couverture (que voilà :)Moi-même, je suis passée à côté. Je commençais tout juste mon apprentissage et j’étais encore un peu coincée dans certains genres littéraires (pour ne pas les citer la BD, la SF et la jeunesse). Puis, en 2010, 10/18 a décidé de le sortir en poche et a eu deux idées pour le mettre en avant à la fois géniales et stupides. La première idée, géniale, a été de le sortir avec un bandeau clamant qu’il était une perle rare et qu’il faisait partie d’une sélection spéciale 10/18 avec des modalités de remboursement écrites en police 5 dont le lecteur peut se servir en cas de déception. Bon le plus important était que le bandeau retenait tout de suite l’attention. Mais pour ce livre, cela n’a pas suffit.
Car la seconde idée, stupide, à été de commencer le quatrième de couv’ par « Un monstre est mort à Templeton, créature oubliée, tapie au fond du lac paisible. Il est remonté à la surface un beau matin, raide et froid. »
Et donc à la lecture de cette phrase, la plupart des lecteurs ont reposé le livre en se disant « oh, encore un truc fantastique. » Bref, ils ont réussi à désamorcer l’intérêt qu’ils avaient provoqués avec leur petit bandeau avec cette simple phrase. Heureusement votre honorable Guixxx a un faible pour les romans fantastiques, et en plus d’avoir été attirée par ce petit bandeau (je voulais savoir si cette sélection était vraiment justifiée) la phrase m’a accrochée. Mais je ne suis pas une lectrice de littérature contemporaine habituelle. Avant de me lancer dans ce genre de romans je dévorais des tas de livres avec des monstres, des ogres, des trolls, des nains, des elfes, alors ce n’était pas un petit monstre dans un lac qui allait me faire changer d’avis.
Bref, j’ai acheté le roman… et je l’ai dévoré. L’erreur de 10/18 avait été de mettre en avant ce monstre, alors qu’il n’est pas le sujet premier du livre. Les Monstres de Templeton est avant tout un récit de vie (au pluriel). Un roman à tiroirs qui se déroule sur plusieurs époques, pour n’en revenir qu’à une personne, une jeune femme nommée Willie.
Willie refait surface dans sa ville natale, Templeton, dans des conditions assez misérables. Etudiante en archéologie à Stanford, elle a eu la mauvaise idée de tomber amoureuse de son vieux professeur malheureusement marié. Lorsque la liaison est découverte, Willie fuit vers Templeton la queue entre les pattes et, surtout, enceinte. Sa mère, une vieille hippie reconvertie en grenouille de bénitier, l’accueille dans la maison familiale, et tente de la sortir de la dépression qui la guette. Elle va lui donner une mission : Willie, qui a toujours cru être le fruit d’un amour libertin dans les années 70, va apprendre que son père est en fait un habitant de Templeton. Un habitant qu’elle connait, et qui, comme elle, est un descendant direct de Marmaduke Temple, fondateur de la ville. Mais sa mère refuse de lui donner un nom. A travers l’étude de son arbre généalogique, Willie va mener l’enquête, et tenter de tourner la page d’un passé pour mieux en retrouver un autre.
Bon, vous remarquerez que je n’ai pas parlé du monstre. Et pourtant, il y a bien un monstre. Le jour où Willie revient en ville est le jour où un pêcheur découvre une masse moelleuse et humide flottant sur le lac Glimmerglass. Il s’agit en fait du fameux monstre de Templeton, celui que tous les habitants depuis quatre siècles disent exister bien que personne ne l’ait jamais vu. La découverte de ce monstre, mesurant seize mètres et ayant de frappantes ressemblances avec le Nessy écossais, provoque dans la ville de Templeton tout un tas d’agitation, que l’on peut suivre en film de fond derrière l’histoire de Willie. Mais ce monstre représente en fait autre chose, il représente tous les secrets des hommes, cachés au fil des générations que Willie va exhumer au cours de son enquête. Car à travers ses recherches la jeune femme va faire parler ses ancêtres et découvrir les secrets sombres, scandaleux, totalement fous, enfouis dans un coffre à souvenirs.
Que dire de ce roman… c’est ce mélange de récits, ce foisonnement de genres qui en fait un roman tout simplement extraordinaire. Chaque récit est raconté avec un style d’écriture différent et un ton qui lui est propre. Certains sont teintés d’humour, d’autres sont cyniques et cruels, et dans tous les cas captivants. Lauren Groff a un don pour faire vivre cette petite ville de Templeton à travers les générations, et pour plus de réalisme, chaque chapitre est entrecoupé de portraits de famille et d’arbres généalogiques. Pour lui insuffler autant de vie, l’auteur s’est inspirée de sa propre ville natale, Coopertown, fondée par le père de Fenimore Cooper, le fameux écrivain du Dernier des Mohicans. D’ailleurs, rien que pour ça j’ai bien envie d’aller faire un tour à Coopertown, voir le musée dédié au Base Ball décrit par Lauren Groff, observer si un petit monstre au long cou ne nage pas dans les profondeurs du lac et si un groupe de joyeux joggers ne rôde pas dans les environs (oui moi il m’en faut peu).
Bref, je vous invite à partager mon enthousiasme pour ce livre, vraiment, injustement méconnu ! C’est la mission que je me suis donnée suite à sa lecture, et j’avoue ne pas être peu fière du résultat puisque les ventes de la Libraire N., où ma petite notule coup de cœur a fait des émules, enregistre les meilleures ventes de France sur ce titre. Bon, sur-ce j’arrête de me vanter, mais j’aime à croire que ça fait de moi une bonne libraire qui pousse les gens à lire des romans qui sortent de l'ordinaire et fait découvrir de jeunes écrivains plein de talents, et surtout ça flatte mon petit égo !
Bref, je vous invite à partager mon enthousiasme pour ce livre, vraiment, injustement méconnu ! C’est la mission que je me suis donnée suite à sa lecture, et j’avoue ne pas être peu fière du résultat puisque les ventes de la Libraire N., où ma petite notule coup de cœur a fait des émules, enregistre les meilleures ventes de France sur ce titre. Bon, sur-ce j’arrête de me vanter, mais j’aime à croire que ça fait de moi une bonne libraire qui pousse les gens à lire des romans qui sortent de l'ordinaire et fait découvrir de jeunes écrivains plein de talents, et surtout ça flatte mon petit égo !
En attendant, je ne tiens plus d’impatience : la sortie du nouveau roman de Lauren Groff est en septembre prochain. Je sais déjà que je vais me jeter dessus, et j’espère ne pas être déçue. (NDA : je l'ai été...)
Pour les amateurs de monstres, voici un petit extrait de l’épilogue du roman, raconté directement par… le monstre ! :
« Pensées du monstre le jour de sa mort :
poisson poisson poisson poisson poisson ;
les ténèbres bientôt s’éclaircissent, le soleil entrouvre les yeux ;
bientôt le monstre verra là-haut le derrière frétillant des canards ;
maintenant la douleur monte, sombre et terrible, du plus profond de ses entrailles ;
bientôt il verra les jambes des gens pédalo-pédalant à la surface éclatante, comme il aime regarder ces jambes, pédalo-pédalant, comme il espère toujours que les personnes qui y sont attachées oublieront de remonter et peu à peu sombreront ;
comme les humains s’abîment dans des hurlements sous-marins pleins de bulles, qui vrillent les oreilles du monstre, et puis cessent de crier, de se débattre ;
comme le monstre file alors tel un vairon vers le corps inerte qui tombe, puis tend les mains, rattrape la personne ;
comme en glissant entre les bras du monstre le visage de la personne s’adoucit, elle cesse de hurler, de se débattre, et la paix l’envahit ;
comme le monstre les aime, ces jolis gens immobiles, il les prend et caresse leurs cheveux de mousse, serre leur corps lisse contre sa poitrine et la chaleur de ces corps minuscules rencontre le froid de son grand corps ;
maintenant douleur, brûlante, terrible douleur ; … »
Et voici la couverture anglaise, bien plus belle que celle de Plon
MALHEUREUSEMENT, l'édition 10-18 est épuisée, vous ne trouverez plus le livre que chez Plon
MALHEUREUSEMENT, l'édition 10-18 est épuisée, vous ne trouverez plus le livre que chez Plon
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